Communiqué FIDH-REMDH
Il est inacceptable que de plus en plus de civils et de biens à caractère civil soient pris pour cibles dans la bande de Gaza dans le cadre de l’opération militaire israélienne « Bordure protectrice » dans la bande de Gaza.
Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) et la FIDH appellent l’UE à condamner le ciblage délibéré et le meurtre de civils, ainsi qu’à s’assurer que toutes les parties concernées respectent leurs obligations en vertu du droit international.
Cela fait plusieurs semaines que l’armée israélienne a pris pour cible la bande de Gaza occupée, à l’aide de missiles aériens et de tirs à balles réelles dans la zone tampon et en mer. Ces interventions s’inscrivent dans le cadre d’une opération militaire à grande échelle menée en Cisjordanie, dont l’objectif est de punir de manière collective les Palestiniens pour la disparition et la mort de trois adolescents israéliens des colonies. Israël a eu recours à des arrestations de masse, à des perquisitions, à un usage excessif de la force et à des bouclages dans les Territoires Palestiniens occupés.
Le 8 juillet 2014, Israël a renforcé l’intensité de ses attaques dans la bande de Gaza en lançant son opération militaire « Bordure protectrice ». Des avions de combat israéliens ont procédé à de nombreuses frappes aériennes à différents endroits de la bande de Gaza. À 13h le 10 juillet 2014, 76 Palestiniens, dont 20 enfants et 10 femmes, avaient été tués, et au moins 400 Palestiniens, dont 123 enfants et 86 femmes, avaient été blessés. Six de ces enfants ont été tués par un missile israélien tiré sur une habitation palestinienne à Khan Younès mardi. Une femme âgée de 80 ans a été tuée au centre de Gaza mercredi. Dans le même temps, quelque 250 roquettes et projectiles ont été tirés vers Israël à partir de la bande de Gaza. Ces attaques ont délibérément ciblé des civils israéliens. Conformément au droit humanitaire international, le meurtre aveugle et disproportionné de civils dans le contexte d’un conflit armé est strictement interdit et peut s’apparenter à un crime de guerre.
Israël a également ciblé des habitations et des structures civiles. À 13h le 10 juillet 2014, 334 habitations/structures avaient été endommagées, dont 89 complètement détruites. Le 8 juillet, le porte-parole de l’armée de défense d’Israël a annoncé que les forces israéliennes avaient délibérément bombardé quatre habitations appartenant à des individus considérés comme d’importantes figures du Hamas. Israël est dans l’obligation de toujours opérer une distinction entre les biens civils et les objectifs militaires. La destruction de ces habitations n’est donc pas permise, à moins qu’il ne s’agisse d’une nécessité militaire. Dans ce cas-ci, le ciblage de ces habitations constitue une violation du droit humanitaire international, avec des risques inutiles pour les civils qui y résident.
Alors que le discours des autorités israéliennes devient de plus en plus provocateur et que les attaques risquent de s’intensifier, la violence des colons et les représailles contre les civils palestiniens en Cisjordanie se sont également amplifiées. Des colons ont roulé sur un enfant palestinien de 9 ans et brûlé vivant Muhammad Hussein Abu Khdeir, 16 ans, après l’avoir enlevé. Ces attaques ont été accompagnées de campagnes d’incitation à la violence. Le 1er juillet, des militants d’extrême droite ont organisé la marche « Mort aux Arabes » à Jérusalem pour réclamer que les trois colons adolescents soient vengés. Le secrétaire général du World Youth Movement a quant à lui exhorté le gouvernement à faire des forces israéliennes une armée de vengeurs.
En tant que puissance occupante, Israël est tenu de maintenir l’ordre public et d’assurer la sécurité des civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Israël se doit donc de protéger la population occupée et leurs biens contre les actes de violence des colons. Israël doit également rendre des comptes et permettre aux Palestiniens de demander réparation et d’obtenir justice.
Les organisations soussignées appellent l’UE et ses États membres à :
– Condamner immédiatement et sans équivoque le ciblage aveugle de biens à caractère civil et de civils, en particulier des enfants, des femmes et des personnes âgées ;
– Exiger qu’Israël s’assure que les individus coupables de violations du droit humanitaire international et des droits de l’Homme rendent des comptes, en réalisant notamment des enquêtes conformes aux normes internationales, en poursuivant les coupables et en permettant aux victimes d’accéder aux tribunaux, d’obtenir réparation et une compensation ;
– Exhorter Israël à respecter ses obligations en tant que puissance occupante, y compris le maintien de l’ordre public et la sécurité des civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.