La LDH soutient « Mon gâteau préféré », un film de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha

Sortie le 5 février 2025

Nous faisons connaissance avec Mahin, une septuagénaire iranienne d’un tempérament ouvert, dans un parc où, venant à la rescousse de jeunes femmes qui n’ont pas mis correctement leur voile, elle intervient auprès de la police de la moralité pour défendre ces dernières. Puis, rentrant chez elle en taxi et n’écoutant que son audace, Mahin convainc Faramarz, un sympathique chauffeur de venir dîner chez elle,  en totale contradiction avec les règles de cette société où les femmes sont surveillées comme le lait sur le feu et ne sont censées avoir des rapports avec les hommes que dans le cadre du mariage. En effet, elle qui vit dans la solitude, garde au fond de son cœur des rêves romantiques, et a follement envie d’avoir – à nouveau ? – une vie amoureuse.

La suite de l’aventure, riche en péripéties tragi-comiques, ne manque pas d’humour. Tout en relatant une situation qui n’est pas particulièrement optimiste, mais en fait par certains aspects assez universelle – la solitude immense de la vieillesse, la perte, le deuil en toile de fond, le besoin d’amour malgré l’obstacle de l’âge -, les réalisateurs mettent en scène une héroïne du quotidien qui ne veut pas se laisser abattre ; Mahin a le désir de se sentir exister, de diriger sa vie envers et contre tout, et, surtout, malgré les contraintes et les interdits que la société iranienne fait peser sur les femmes.

Mais le plus significatif est la suite donnée par les autorités iraniennes qui ont en effet vite compris et interprété à leur manière l’aspect profondément subversif du film : selon des informations transmises par Radio Farda et Iran International, après maints obstacles opposés au couple de réalisateurs-scénaristes pour les empêcher d’aller présenter leur film à la Berlinale, puis de sortir du territoire – en cause la scène où Mahin intervient courageusement pour aider les jeunes femmes au voile mal mis – le tribunal les a accusés de faire de la propagande contre le régime, de prôner le libertinage et la prostitution, d’enfreindre la loi islamique en réalisant et montrant un film « vulgaire » (sic). Ces derniers ont, dans tous les cas, employé les grands moyens pour faire du film une forme de manifeste : la formidable actrice qu’ils ont choisie pour interpréter le rôle de Mahin, Lily Fahradpour, est écrivaine, journaliste et militante pour les droits des femmes ; et les deux réalisateurs ont dédié le film « aux femmes honorables et courageuses de notre pays qui sont montées en première ligne dans la lutte pour le changement social ».

Ce très beau film, qui contribue à faire mieux connaître les conditions de vie des femmes iraniennes, mérite d’être soutenu et diffusé largement.

Réalisation : Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha

Production : FilmSazan Javan, Caractères Productions, Hobab, Watchmen Productions

Durée : 1h36

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