Basel, jeune militant palestinien de Cisjordanie, lutte depuis son enfance contre l’expulsion de sa communauté par les autorités israéliennes. Il documente l’éradication progressive des villages, alors que les soldats déployés par le gouvernement israélien démolissent les maisons et chassent leurs habitants. Il rencontre Yuval, un journaliste israélien, qui le soutient dans ses démarches. Une alliance improbable se développe.
No Other Land est le fruit d’une collaboration entre deux Palestiniens, l’avocat et journaliste Basel Adra et le fermier Hamdan Ballal qui vivent à Masafer Yatta, au sud de la Cisjordanie occupée, et deux Israéliens, le journaliste d’investigation Yuval Abraham et la cheffe opératrice Rachel Szor, solidaires avec les habitants et opposés à l’occupation et au système d’apartheid ; tous les quatre sont cités au générique comme réalisateurs et monteurs. Basel et Yuval (auxquels on se réfère par leur prénom dans le film) sont aussi les sujets centraux du film.
Alors même qu’aucun d’entre eux n’avait d’expérience dans ce domaine, ce collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants s’est lancé dans la réalisation de ce documentaire avec la volonté de faire connaître au public, particulièrement le public occidental, ce qui se passe car, explique Basel « les gens ne savent pas ce que leurs gouvernements soutiennent et ils ont le droit de savoir où vont leur argent et leurs armes. »
Le fil rouge central est la relation de travail entre Yuval et Basel, dont la proximité et la confiance se sont construites au fil d’années de collaboration. Et pourtant, même entre eux et malgré eux, il y a une cloison, érigée par le système politique, qui établit la liberté de mouvement complète de Yuval, et le confinement absolu de Basel.
Avant qu’ils ne commencent à travailler ensemble, Basel filmait seul depuis sept ans, et Hamdan probablement dix ans. Ils ont également utilisé des images d’archives personnelles, tournées par les parents de Basel et des voisins, qui remontent à vingt ans, quand Basel était enfant.
Bien qu’il leur ait été difficile de terminer ce film alors que les horreurs qu’il montre se poursuivent, ils ont décidé de commencer le montage de toutes ces images avant la destruction totale de ces communautés.
Après le 7 octobre, comme on le voit brièvement à la fin du film qui a été tourné avant cette date, les colons ont envahi le village de Basel, abattu son cousin, et là, les communautés ont commencé à partir, pour la première fois. Pour eux, ça a été le moment où ils ont décidé d’achever ce film, afin de le montrer au monde, « pour pouvoir arrêter tout cela ».
Brûlant d’actualité, No Other Land documente de l’intérieur la violence de l’occupation israélienne en Cisjordanie. Le résultat est un film coup de poing qui s’enfonce dans un crescendo de violences insupportable ; des militaires armés jusqu’aux dents défendent les bulldozers qui écrasent et dévastent des villages entiers ; les habitants de ces villages immémoriaux s’accrochent à leur terre, reconstruisant avec les moyens du bord ce qui peut l’être et qui va de nouveau être détruit dans un cycle infernal. On est saisi d’effroi et de honte face à tant d’inhumanité. Et pourtant cette forme de journalisme impliqué nous rend proches des réalisateurs et leur connivence nous apporte l’espoir de lendemains possiblement apaisés.
Réalisation : Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham
Cheffe opératrice : Rachel Szor
Date de sortie : 13 novembre 2024
Durée : 135 minutes