Projection-débat le 18 mai 2018 à l’Hôtel de ville de Paris, plus d’informations.
Nous sommes en décembre 2016, l’élection de Trump, 45e président des États-Unis est tout juste confirmée, Vladimir Poutine règne en maître sur la scène internationale : on peut alors craindre pour l’avenir de la démocratie.
C’est le moment où a lieu la rencontre organisée par Flore Vasseur entre Birgitta Jónsdóttir (poétesse, députée du parti pirate au parlement islandais), Lawrence Lessig (constitutionnaliste, professeur de droit à Harvard), et Edward Snowden (ex sous-traitant de la CIA et de la NSA, lanceur d’alerte sur la surveillance de masse pratiquée par les USA). C’est dans une chambre d’un hôtel non identifié de Moscou que se tient ce court échange puisque Snowden est réfugié en Russie depuis qu’en 2013 il y a obtenu un asile politique précaire suite à ses révélations. Flore Vasseur qui est aussi chroniqueuse pour plusieurs hebdomadaires et travaille sur les questions de démocratie ne les a pas réunis pour une simple réflexion sur la surveillance de masse mais sur le thème de la démocratie et du sens de l’engagement que résume ainsi Larry Lessig : « Une poète, un juriste et un geek entrent dans un bar… et ils se demandent : pourquoi continuer à croire en la démocratie ? ».
A travers les éléments de leur biographie que donne la réalisatrice et leurs échanges on comprend que ces trois-là participent sous différentes formes au combat pour la démocratie.
– Birgitta Jónsdóttir militante pour la liberté de la presse, est entrée en politique à la faveur de la crise des subprimes, elle a créé le parti pirate islandais en 2013. Elle considère qu’une nouvelle forme de représentativité des citoyen-ne-s est nécessaire et qu’il faut que chacun soit capable de se débarrasser de la peur du changement ;
– Larry Lessig, pionnier de l’internet libre, a écrit qu’en matière de régulation du cyberespace Code is law (Le code fait loi), il dirige un centre de recherche sur la corruption et l’influence de l’argent en politique, il tente de mobiliser les citoyens pour faire changer la loi sur le financement des campagnes électorales aux USA, a tenté d’être candidat à la dernière élections présidentielle. Il déplore la difficulté de réformer radicalement les institutions et craint que « la démocratie représentative n’existe plus».
– Edward Snowden qui paye d’un exil forcé ses révélations, considère très lucidement que les plus graves atteintes à la démocratie ne sont pas la surveillance de masse, (dont la Maison blanche a reconnu que ça n’a jamais empêché les attentats terroristes) mais son inconstitutionnalité et que celle-ci soit mise en œuvre sans consultation ni information de la population, ce qui constitue une atteinte aux droits fondamentaux et la confiscation du pouvoir dont elle n’est qu’un symptôme. Il estime avec lucidité et humilité, que tout citoyen-ne qui s’engage a quelque chose à perdre : « peut-être que notre confort est notre pire ennemi ».
Tous trois constatent qu’une stratégie de la peur est à l’œuvre et que c’est celle-ci qu’il faut vaincre.
Les propos sont passionnants et on peut regretter que ce documentaire soit un peu court, car au-delà des constats, on aimerait que les pistes évoquées pour faire vivre la démocratie soient développées pour aider les citoyen-ne-s à défier les structures du pouvoir. C’est certainement une opportunité pour des débats nourris qui suivront les projections de Meeting Snowden.
Thèmes : démocratie, engagement citoyen, lutte antiterroriste, surveillance de masse, lanceurs d’alerte
Meeting Snowden
France – 52 minutes
Réalisatrice – Flore Vasseur
Distributeur – Arte distribution