Communiqué commun Anafé et Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) (dont la LDH est membre)
Fuyant son pays, Honorine (prénom d’emprunt), âgée de 42 ans, est enfermée dans la zone d’attente de l’aéroport Roissy-CDG depuis le 28 novembre 2020. Dès le lendemain de son arrivée en provenance d’Egypte, Honorine a fait part de son état de santé au médecin présent dans la zone d’attente. A ce jour, rien n’a été mis en œuvre pour que Honorine puisse avoir accès à un traitement antirétroviral, malgré ses demandes réitérées.
Du fait de sa situation, l’Anafé a saisi vendredi 4 décembre 2020 le ministère de l’intérieur et la direction de la police aux frontières (DCPAF) d’une demande d’admission sur le territoire à titre humanitaire du fait de son état de santé. La DCPAF et le ministère de l’intérieur ont refusé de faire droit à cette demande le 7 décembre 2020 au motif que le médecin de la zone d’attente « n’émettait aucune contre-indication quant à son maintien en ZA et n’effectuait aucun commentaire ».
Sans traitement depuis plus de 10 jours, l’état de santé d’Honorine se dégrade en zone d’attente (grosse fatigue, maux de tête…). Dans un contexte de pandémie, elle constitue non seulement une personne extrêmement vulnérable du fait de son infection au VIH, mais encore plus à l’heure d’être privée de traitement. Le gouvernement français catégorise lui-même les personnes présentant des infections au VIH non contrôlées comme étant parmi les personnes les plus vulnérables[1][1], c’est à dire, présentant un risque de développer une forme grave d’infection au virus de la Covid-19. Honorine se trouve actuellement confinée avec une quarantaine de personnes dans la zone d’attente de Roissy – où des cas positifs à la Covid-19 ont déjà été recensés[2][2]–, sans réelles mesures sanitaire protectrices (impossibilité d’aérer les espaces, masques insuffisants, gel hydroalcoolique et savon disponibles seulement sur demande).
Nous demandons la libération immédiate d’Honorine et sa prise en charge médicale d’urgence.
La politique migratoire française met une fois encore une vie en danger. Cette politique prône l’enfermement et le refoulement, au détriment du respect de la dignité et des droits des personnes, y compris gravement malades[3][3], et ce, même en temps de pandémie. La politique migratoire mortifère de la France doit cesser.
Organisations membres de l’ODSE (Observatoire du droit à la santé des étrangers-ères): Act Up-Paris, Act Up-Sud Ouest, AFVS Association des familles victimes du saturnisme, AIDES, Alliance pour une gestion solidaire, Arcat, CATRED, Centre Primo Levi, COMEDE, CoMeGAS, Créteil Solidarité, Dom’Asile, Droits d’urgence, FASTI, FTCR, Gaïa Paris, Gisti, La case de santé, La Cimade, Le planning familial, Ligue des droits de l’Homme, Migrations santé Alsace, MRAP, Médecins du Monde, Médecins sans frontières, Réseau Louis Guilloux, Sida Info Service, Solidarité Sida, SOS Hépatites.
[1][1] Voir : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14443
[2][2] Voir le communiqué de l’Anafé en date du 12/10/2020 : http://anafe.org/spip.php?article579