Communiqué du Tour de France de la santé dont la LDH est signataire
La Cour des comptes vient de jeter un pavé dans la mare qui ne peut que satisfaire le gouvernement. Elle préconise de ne pas indemniser les arrêts maladie de moins de 8 jours en allongeant le délai de carence dans le public et le privé. Rappelons que les arrêts maladie sont dans le viseur de Bruno Le Maire depuis plusieurs mois. Il faut bien trouver les 20 milliards d’économies en 2024, autant voire plus en 2025, chiffres colossaux.
Une fois de plus on culpabilise ces malades qui profiteraient du système. Et on s’appuie pour cela sur le fameux « trou de la Sécu » et l’augmentation du coût des arrêts de travail.
Cette augmentation, la Cour des comptes elle-même indique qu’elle est difficile à analyser, la période incluant la crise sanitaire COVID, et que d’autres facteurs interviennent comme la hausse du SMIC et des salaires, l’augmentation de la population active et l’extension du champ aux indépendants et professions libérales.
Ce sont l’expansion des pathologies chroniques, l’accroissement de l’âge des travailleur-euse-s, qui s’accentuera encore avec le report de l’âge de la retraite à 64 ans, la dégradation des conditions de travail, la souffrance au travail et le burn out, qui conduisent à l’augmentation des arrêts de travail notée depuis 10 ans. Il y a 700 000 accidents du travail chaque année, plus de 2 morts par jour.
La non-indemnisation des arrêts maladie de moins de 8 jours est une aberration sur le plan de la santé publique.
Beaucoup, ne pouvant se permettre une perte de salaire iront travailler, malades, avec tous les risques inhérents, aggravation des pathologies, allongement de leur durée, moins bonne récupération, risque accru d’accidents du travail, diffusion de pathologies infectieuses. De quoi creuser un peu plus encore les inégalités sociales en santé.
Quant au trou de la Sécurité sociale brandi depuis des années pour justifier les régressions, il tient à des choix politiques assumés : exonérations et exemptions de 88 milliards de cotisations sociales en 2024, tolérance vis-à-vis des fraudes aux URSSAF, des dettes patronales, dispositifs comme la prime Macron qui se substituent aux augmentations de salaire et privent la Sécurité sociale de cotisations sociales…
La sécurité sociale est malade de son manque de recettes et non de ses dépenses.
Elle est malade de la volonté du gouvernement et du Medef de privatiser tout ce qui est rentabilisable, de baisser le « coût du travail ». Un autre financement est possible : suppression des exonérations et exemptions des cotisations patronales, hausse des salaires, égalité salariale homme-femme…
Les indemnités journalières en cas d’arrêt maladie sont indispensables à la santé de ceux et celles qui travaillent, les remettre en cause équivaut à attaquer le principe même de la sécurité sociale.
Les organisations parties prenantes du Tour de France pour la santé et les organisations signataires appellent à une mobilisation citoyenne contre ces mesures, et pour la Sécurité sociale et sa réappropriation par les usager-ère-s et assuré-e-s sociaux.
Paris, le 6 juin 2024
Les signataires
Syndicats : Fédération Sud Collectivités Territoriales, Fédération Sud Santé Sociaux, Fédération Syndicale Unitaire, Syndicat de la Médecine Générale, Syndicat des Jeunes Médecins Généralistes, Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé-FSU, Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux de la Fonction Publique-FSU, Union Fédérale Médecins Ingénieurs Cadres et Techniciens-CGT, Union Syndicale de la Psychiatrie, Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé, Union Syndicale Solidaires
Mutuelles : Alternative Mutualiste, Fédération des Mutuelles de France, Mutuelle Mutami
Associations, collectifs : Act Up Sud-Ouest, Appel des Appels, Association des Médecins Urgentistes de France, Cerises la coopérative, Collectif Européen des Patients des Hôpitaux Publics et des Résidents des EHPAD, Collectif Changer de Cap, Collectif Inter-Hôpitaux, Collectif Inter-Urgences, Collectif des Médecins Généralistes pour l’Accès aux soins, Collectif des Ouvriers Agricoles de la Martinique,Conseil National de la Nouvelle Résistance, Convergence Nationale des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de proximité, Fédération Générale des Retraités de la Fonction Publique, Femmes égalité, Femmes Solidaires, Fondation Copernic, Le Point de Capiton, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du Monde, Médicament Bien Commun, Notre Santé en Danger, Printemps de la Psychiatrie, Réseau des Centres de Santé Communautaires, Réseau Eco Syndicaliste, Résistance Sociale, Stop Précarité Organisations locales e régionales : Collectif de Défense de la Santé du Doubs, Collectif 37 Notre Santé en Danger, Collectif Santé Pays-Haut (54), Collectif Tenon pour l’IVG, Comité de défense de l’hôpital de Concarneau, Comité de défense de l’hôpital de Landerneau, Comité de défense des hôpitaux du Nord Essonne, Comité des usagers de l’hôpital de Douarnenez, Comité Ivryen pour la Santé et l’Hôpital public, Comité de Vigilance des Services publics de Haute-Saône, Génération.s Ivry, La Case de Santé Centre de santé Toulouse, Le Manifeste Comité St Affrique-Millau, L’Esprit Vitry, Planning familial du Val de Marne, Sud Santé Sociaux Finistère
Organisations politiques : ENSEMBLE !, Gauche Démocratique et Sociale, Gauche écosocialiste, Génération.s, La France Insoumise, Mouvement des progressistes, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti de Gauche, Pour une Ecologie Populaire et Sociale