EDITORIAL
La Pologne continue à faire l’actualité. À la suite des réformes judiciaires concernant la Cour suprême et le Conseil national de la magistrature, adoptées dans une optique de « décommunisation » en décembre dernier, l’appareil judiciaire se retrouve sous le contrôle politique total de la majorité au pouvoir. D’autres mesures ont d’ores et déjà inquiétées l’opinion publique polonais et internationale ainsi que les institutions de l’Union européenne : celles visant le Tribunal constitutionnel, désormais soumis au parti au pouvoir, celles visant les médias d’abord publics puis indépendants, celles concernant la liberté de manifestation qui se traduisent régulièrement par la répression des manifestants anti-gouvernementaux, celles visant à restreindre la liberté de création. Suite à ces mesures autoritaires et après deux ans de mises en garde, la Commission européenne a déclenché, le 20 décembre dernier et pour la première fois de son histoire, l’article 7 du traité de Lisbonne du fait d’« une violation grave et persistante » des valeurs de l’Union européenne et d’« un risque clair de violation grave de l’État de droit en Pologne ». Mais pour aller au bout de cette procédure, l’unanimité des États-membres est exigée. Or, la Hongrie a d’ores et déjà annoncé qu’elle s’y opposerait. D’autre part, l’actuel gouvernement ultra-conservateur attise un nationalisme ethno-religieux et joue sur la « fierté nationale » selon le slogan : « cessons de plier les genoux ». Face à cette situation, la société civile reste active et multiplie les manifestations, des veillées y compris nocturnes. Elle a besoin plus que jamais d’être soutenue par ses les forces démocratiques dans d’autres pays européens. Elle en a besoin pour conserver l’énergie nécessaire, poursuivre sur la voie de la mobilisation.
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