Lettre ouverte de Malik Salemkour, président de la LDH
Monsieur le Premier ministre,
Comme vous le savez, depuis 2016, après la fermeture de la frontière franco-italienne dans les Alpes-Maritimes, un nombre important et croissant de personnes étrangères tentent de passer par les Alpes, avec tous les risques que cela comporte y compris pour leur vie.
Dans le Briançonnais, la population locale s’est largement mobilisée pour accueillir ces hommes, ces femmes et ces enfants, arrivant épuisés, à bout de force et ayant besoin d’urgence d’un abri, mais aussi de soins.
Un refuge solidaire a été mis en place pour faire face aux manquements des autorités publiques pour mettre à l’abri ces personnes, leur permettre de récupérer et de faire les démarches ad hoc en fonction de leur situation. Depuis les dernières élections municipales, la ville de Briançon a mis fin à son soutien au refuge.
Depuis cet hiver, le nombre de personnes qui arrivent par le col de Montgenèvre augmente. Les associations locales constatent qu’il s’agit de personnes de plus en plus vulnérables : le nombre de femmes et d’enfants a triplé depuis le début de l’année, et il y a de plus en plus de nourrissons et de personnes âgées ou handicapées.
Les capacités sur place, en intégrant l’accueil et l’hébergement d’urgence dépendant de la préfecture, sont saturées et votre administration, au niveau national, aurait indiqué qu’il n’était pas possible d’ouvrir des places supplémentaires alors que les besoins sont, selon les jours, deux à trois fois supérieurs à ceux de l’an dernier.
Côté italien, conscient de la gravité de la situation, le préfet vient d’apporter un fort soutien aux communes de Bardonecchia et d’Oulx ainsi qu’aux associations impliquées.
Une nouvelle mobilisation d’acteurs solidaires va permettre d’acquérir, sur seuls fonds privés, un nouveau local, mais celui-ci n’ouvrira au mieux que mi-août et ses capacités resteront sans aucun doute insuffisantes.
C’est une véritable crise sanitaire qui s’annonce. Elle doit être gérée en concertation avec l’ensemble des acteurs, tant publics que privés, et nous pensons important d’en appeler à votre responsabilité pour éviter une catastrophe et trouver une solution permettant de faire face aux besoins évolutifs constatés y compris par la préfecture.
Dans ce contexte, vous comprendrez que ce courrier soit rendu public.
Dans l’espoir d’une réponse rapide, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre haute considération.
Malik Salemkour
Président de la LDH
Paris, le 6 juillet 2021