Communiqué LDH et FIDH
Le prince héritier Mohamed Ben Salmane effectue une visite officielle d’une dizaine de jours en France à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé les 22 et 23 juin par Emmanuel Macron. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la LDH (Ligue des droits de l’Homme) se désolent que le tapis rouge soit à nouveau déroulé pour ce dictateur.
La France devient un agent particulièrement zélé au service de la réhabilitation d’un dictateur sanguinaire. Le président Emmanuel Macron a été le premier dirigeant occidental à se rendre à Riyad après que la responsabilité du dirigeant Saoudien dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, massacré et dépecé à la tronçonneuse eut été prouvée. Un crime atroce qui n’a pas empêché M. Macron de recevoir son responsable à l’Élysée en juillet 2022.
Derrière le vernis de modernité et d’ouverture sociale, la répression de toutes formes de critiques n’a fait que s’accentuer en Arabie Saoudite. Les défenseures et défenseurs des droits humains, les opposantes et opposants et les activistes risquent tous les jours la prison, la torture, et les disparitions forcées. Selon un rapport publié par l’European Saudi Organisation for Human Rights (ESOHR), le nombre des exécutions a doublé depuis la prise de pouvoir de facto de Ben Salmane en 2015, et la pratique de l’exécution des mineur-e-s n’a pas été suspendue malgré les promesses des autorités. Ces dernières ont également réprimé violemment les bédouins qui se sont opposés au projet de la ville « futuriste » Neom, qui est présentée comme le projet vitrine pour l’Arabie Saoudite de demain par le prince Ben Salmane. Des militantes féministes telles que Manahel Al-Otaibi ou Salma Al-Shehab sont toujours détenues. Leur crime ? Avoir exercé leurs droits.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la tentation d’oublier les crimes de l’Arabie Saoudite pour avoir son poids diplomatique de son côté est tentant. Ce serait une forfaiture. Dans le contexte de la crise énergétique, avoir avec soi le troisième producteur de pétrole peut s’entendre. Mais que pèsent quelques barils de pétrole devant la dignité de millions d’êtres humains ?
Dans les discours, la France, l’Europe et les grandes institutions sont vent debout contre les crimes internationaux. Dans les faits, elles invitent un criminel de guerre, un assassin de journaliste. Elles font fi de sa responsabilité dans les crimes de guerre commis au Yémen par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. La population yéménite attend depuis plus d’une décennie que les auteurs de crimes les plus atroces soient traduits devant la justice. Ce « whitewashing » renforce l’impunité et conforte les dictatures.
La FIDH et la LDH rappellent qu’au même titre que toutes les vies humaines se valent, il ne saurait y avoir une hiérarchie parmi les victimes.
Paris, 19 juin 2023