Depuis 1986, la Ligue des droits de l’homme a exprimé sa préoccupation au sujet de la procédure spéciale mise en place pour juger les personnes accusées de faits de terrorisme et depuis plusieurs mois se déroule une mission d’enquête internationale conduite avec la Fédération internationale des droits de l’homme sur les conditions dans lesquelles fonctionne en France la justice particulière mise en place, devenue une véritable justice d’exception.
Nul ne conteste qu’il faille combattre avec la plus grande énergie ceux qui par une violence barbare et le plus souvent aveugle sèment la mort et la peur et cherchent à saper les fondements même de la démocratie. Mais on ne saurait réduire la justice à un rôle policier et une justice d’exception n’est jamais une bonne justice.
L’appellation de ‘ juges antiterroristes ‘ passée dans le langage courant est à ce sujet caractéristique. La justice a une obligation d’impartialité à l’égard de ceux qu’elle ne combat pas mais qu’elle juge et punit si après un procès équitable elle les déclare coupables des faits qui leurs sont reprochés.
Les conditions dans lesquelles se déroule aujourd’hui le procès Chalabi sont, hélas conformes aux inquiétudes que la Ligue des droits de l’homme avait exprimées au mois de juillet, intolérables. Elle salue le courage des avocats qui ont refusé d’être des alibis dans le déroulement d’une audience où l’on juge des personnes par fournées dans des locaux dépendants de l’administration pénitentiaire, en un lieu désert et sans moyens d’accès, à des kilomètres du Palais de justice.
Il faut mettre maintenant fin à ce procès, réorganiser la procédure de jugement des prévenus et les juger avec la sérénité et la fermeté qui conviennent dans une démocratie forte et sûre d’elle même. Il en va de l’honneur de notre justice.