Le bulletin n°42, décembre 2009, du groupe de travail « Chine » de la LDH est paru. Comme l’ensemble de ses prédécesseurs, il est disponible en ligne sur le présent site à la rubrique « Groupes de travail ».
C’est un outil unique d’information et de réflexion ! Bonne lecture
Vous lirez ici directement l’article éditorial de ce bulletin. L’écrivain, critique littéraire et politologue Liu Xiaobo vient d’être condamné le jour de Noël à onze ans de prison pour « crime majeur ». Il était détenu depuis le 8 décembre 2008, la veille de la diffusion de la Charte 08 qu’il avait inspirée. Dans ce document qui fait date, reproduit dans notre bulletin de décembre 2008, Liu ose demander la fin du multipartisme et la mise en place des structures politiques les plus courantes, le respect des principes les plus généralement admis. La date choisie pour la publication du texte, c’était le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme (signée par la Chine) et la Journée internationale des Droits de l’Homme.
Voici une revendication de partage que le pouvoir de Beijing ne peut tolérer. Il tient à son monopole et ne veut pas le lâcher. S’il est « criminel » de rédiger un tel texte et de demander la démocratie, alors Vaclav Havel qui retrouve dans la Charte l’esprit de sa propre Charte 77, est un criminel comme l’ensemble des régimes qui refusent de confier à un seul parti le soin de dire tout seul ce qui est bon et ce qui est mauvais sans oser consulter le peuple. Le parti communiste est arrivé au pouvoir il y a soixante ans par la guerre civile et en promettant une démocratie authentique. Il n’a pas tenu ses promesses et avec le temps, son raidissement devient grotesque. Il a peur d’internet, il a peur des journalistes étrangers, il a peur des élections, il a peur qu’on vienne voir ce qui se passe ici et là à travers le pays. Les meilleurs des citoyens chinois, Hu Jia, Liu Xiaobo, Gao Zhisheng, Chen Guangchen, Huang Qi, Tang Zuoren, Guo Feixiong, Lü Gengsong et tant d’autres, il les incarcère. Il ne se préoccupe guère de l’opinion internationale et de celle des gouvernements, lesquels distinguent les affaires et la morale. Les affaires, parlons-en avec la Chine dès qu’elle voudra ; la morale, la morale, attendons encore un peu et faisons confiance à l’histoire.
Liu Xiaobo et Hu Jia, le citoyen d’honneur de la ville de Paris que Paris oublie, auraient pu obtenir le prix Nobel de la paix cette année. Ce sont deux personnages frêles, harcelés par le pouvoir mais d’une rectitude et d’une dignité hors du commun. Celui qui a reçu le prix Nobel à leur place s’est rendu à Beijing pour parler d’autres choses et, en tout cas, n’a rien d’obtenu de tangible. Il n’est pas utile de parler du Premier ministre français et de sa visite de décembre : il ne venait que pour les contrats.
Le 10 décembre, une lettre circula sur l’Internet. Les six cents signataires à la date du 26 décembre, se déclaraient prêts à se laisser inculper aux côtés de Liu et assumaient leur responsabilité dans la rédaction et la diffusion de la Charte, Les Occidentaux resteront-ils de marbre quand un membre permanent du Conseil de Sécurité onusien représentant un cinquième de la population mondiale bafoue les valeurs dont ils se réclament ? Sont-ils fiers d’avoir cru les promesses de liberté chinoises faites avant les Jeux olympiques de 2008 ?
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Bulletin groupe Chine n°42