Pour la fin des violences contre les réfugiées syriennes et réfugiés syriens !

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Les organisations de la société civile condamnent les récentes violences contre les Syriennes et Syriens en Turquie et appellent à leur protection.

Depuis la nuit du 30 juin 2024, la Turquie a été témoin d’une nouvelle vague d’attaques violentes de masse contre les personnes réfugiées syriennes, y compris le meurtre tragique d’un Syrien de 17 ans et des attaques contre des propriétés, des maisons et des magasins appartenant à des personnes réfugiées. Les violences ont commencé dans la ville de Kayseri, au centre de l’Anatolie, où des maisons de personnes réfugiées ont été incendiées, des véhicules vandalisés et brûlés, et des magasins pillés et endommagés, le tout sur fond de slogans anti-réfugiés et racistes. Les jours suivants, ces attaques se sont étendues à d’autres villes.

Il s’agit là d’un nouvel exemple d’une série de mécontentements et de violences à l’encontre des personnes réfugiées. La Turquie a déjà connu des vagues de lynchage et d’attaques contre les personnes réfugiées en 2014, 2017 et 2019, ainsi que des infractions individuelles qui restent souvent impunies en raison d’une culture de l’impunité omniprésente.

La Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiées syriennes et réfugiés syriens au monde, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires car le pays ne dispose pas d’une stratégie d’intégration durable ni de politiques transparentes visant spécifiquement les personnes réfugiées syriennes et sont statistiquement susceptibles de construire leur avenir en Turquie. L’absence de politiques d’adaptation et d’intégration socio-économique bien établies, le manque d’informations factuelles partagées avec le public et la canalisation délibérée de la colère du public à l’égard des personnes réfugiées et des personnes migrantes entretiennent de vives tensions entre les différentes communautés.

L’année dernière, les personnes réfugiées syriennes et afghanes ont été au centre d’une rhétorique anti-réfugiés croissante pendant la campagne électorale, où les déportations ou les soi-disant « retours volontaires » étaient des slogans clés. Cela s’accompagne d’une restriction de l’accès aux droits fondamentaux, comme l’accès au statut juridique, à la protection sociale, à l’éducation, aux moyens de subsistance et aux soins de santé, qui dure depuis des années, et de plans visant à renvoyer de force des centaines de milliers de Syriennes et Syriens. Avec cette propagande publique, les personnes réfugiées syriennes et d’autres nationalités sont désignées comme boucs émissaires pour les crises socio-économiques et politiques du pays, la hausse de l’inflation, le coût de la vie et le manque d’accès aux services de base.

En réaction aux récentes violences contre les Syriennes et Syriens, nous, les organisations locales et internationales soussignées, exprimons notre profonde inquiétude et notre solidarité avec les personnes réfugiées en Turquie et les organisations qui travaillent à la défense de leurs droits. Nous appelons le gouvernement turc à mettre en place les réglementations nécessaires à l’adaptation à court et à long terme et les politiques d’intégration socio-économique afin de garantir la coexistence sûre et pacifique des différentes communautés. Nous soulignons en outre que la situation en Syrie reste alarmante et instable, et que toute tentative de déclarer certaines parties de la Syrie sûres pour les retours doit être évitée. Il est donc essentiel de favoriser l’intégration locale et d’accroître l’accès aux possibilités de réinstallation pour les Syriennes et Syriens à l’étranger afin de prévenir des incidents similaires à l’avenir et de garantir la justice et la responsabilité pour les victimes de ces récentes attaques xénophobes.

Signataires :

Access Centre for Human Rights – ACHR ; Association Marocaine des Droits Humains – L’AMDH ; Cairo Institute for Human Rights Studies – CIHRS ; Cedar Centre for Legal Studies ; Center for Legal Aid – Voice in Bulgaria ; Centre for Peace Studies – CPS ; Centre Libanais des Droits de l’Homme – CLDH ; Citizens’ Assembly – [h]Yd ; EuroMed Rights ; Greek Council for Refugees – GCR ; Human Rights Association – İHD ; Irídia – Center for the Defense of Human Rights ; KISA ; LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; NoPhotoZone ; Voix des Prisonniers ; Women Now for Devlopment – Lebanon

Le 10 juillet 2024

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