Tribune commune à l’initiative de SOS Villages d’enfants et dont la LDH est signataire
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Ironie du calendrier, le premier match de la Coupe du Monde de football se jouera au Qatar le 20 novembre, précisément le jour où le monde entier est appelé à célébrer l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant par l’Assemblée générale de l’ONU.
L’idée que le coup d’envoi d’un événement controversé, qualifié de désastre humain et écologique par un nombre grandissant de personnalités et de fans de foot, occulte la Journée Internationale des droits de l’Enfant, est intolérable.
Car, malgré l’engagement solennel pris par l’Assemblée générale de l’ONU le 20 novembre 1989, le respect des droits de tous les enfants reste un combat de tous les jours, et les enfants demeurent les premières victimes des crises qui frappent nos sociétés et abîment les familles.
Tous les enfants du monde ont besoin de jouer pour se construire, et pas seulement au football, mais combien le peuvent réellement chaque jour avec insouciance ? Dans le monde, 1 enfant sur 10 est sans protection parentale ou en risque de la perdre, 1 enfant sur 4 vit dans un pays en conflit ou ravagé par des bouleversements majeurs, 160 millions d’enfants travaillent, dont 79 millions effectuent des travaux dangereux, 64 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés, 1 milliard d’enfants sont « très fortement exposés » aux impacts de la crise climatique, et 12 millions de filles sont mariées de force chaque année et donc privées de la plupart de leurs droits, notamment celui d’être éduquées.
En France, 21% vivent sous le seuil de pauvreté, 1 enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents et chaque année plus de 50 000 enfants et adolescents sont victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques.
Dans notre pays, où 350 000 enfants bénéficient aujourd’hui d’une mesure de protection parce qu’ils sont en danger dans leur environnement social et familial, Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection en tant que Président de la République, déclarait le 2 avril dernier vouloir faire de l’enfance et de la protection de l’enfance l’un des enjeux majeurs de son quinquennat.
Il est temps de relever ce défi pour atteindre enfin, en France et dans le monde, le respect et l’effectivité des droits de tous les enfants. En cohérence avec les lignes directrice de l’ONU, notre pays doit mettre en place une véritable stratégie nationale pour l’enfance, globale et transversale.
Ensemble, les pouvoirs publics, les associations, les enfants, les familles et tous les acteurs de la protection de l’enfance doivent continuer à œuvrer pour que chaque enfant ait le droit à une protection adaptée dans le cadre de la construction d’un projet auquel il doit pouvoir pleinement participer. Des moyens doivent également être alloués pour que chaque enfant ait droit à des soins adaptés, pour que chaque enfant ait le droit de vivre en famille ou avec ses frères et sœurs lorsque qu’une décision de suppléance parentale est prononcée, et pour que tous bénéficient de l’accompagnement pédagogique leur permettant de réussir leur scolarité, quelle que soit leur situation.
Partout, l’un des droits de l’enfant le plus couramment bafoué est celui de pouvoir s’exprimer pour toute décision importante le concernant. C’est pourquoi l’élaboration des politiques publiques doit étroitement associer les enfants et les jeunes.
Et parce que l’effectivité des droits de l’enfant n’est réelle que si tous les enfants dans le monde, et notamment ceux en situation de vulnérabilité, sont pris en compte, la France s’honorerait à rappeler sur la scène internationale qu’une attention constante et soutenue aux enfants et à leurs droits constitue un levier puissant pour amorcer un cercle vertueux vers l’atteinte des objectifs de développement durable et la paix. Depuis juillet 2021, et l’adoption de la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, les droits de l’enfant constituent l’une des priorités déclarées de la politique de solidarité internationale de la France. Cette avancée dans les textes et les intentions, doit être accompagnée d’une augmentation des moyens pour développer des programmes permettant un meilleur respect des droits de l’enfant, à travers le monde.
SOS Villages d’Enfants et de nombreux autres acteurs de la protection de l’enfance, dont la LDH, plaident pour que les droits de l’enfant soient une priorité de la politique de coopération et de solidarité internationale de la France, et pour qu’à l’instar du marqueur « genre », un marqueur « droits de l’enfant » soit systématiquement adopté dans les projets de coopération internationale.
Le 20 novembre, date symbolique et porteuse d’espoir pour les enfants du monde, ne doit pas leur être volé. Cette victoire leur appartient plus qu’à tout autre.
Auteur-Signataire : SOS villages d’enfants France – https://www.sosve.org/
Co-signataires : Adrien SALLEZ, Directeur général -Association ASMAE Sœur Emmanuelle, Maxime ZENNOU, Directeur général – GROUPE SOS JEUNESSE – Délégué territorial aux Outre-Mer, Ludovic Levasseur, Directeur Général – Enfants d’Asie, Charles-Emmanuel Ballanger, Directeur Général International – Action Education (anciennement Aide), Didier Wallace, Directeur Général – Fondation La Vie au Grand Air I Priorité Enfance, Véronique Jenn-Treyer, Directrice générale – Planète Enfants & Développement, Anouchka Finker, Directrice Générale – La Chaîne de l’Espoir, Anne-Marie Clément, Présidente – Fédération des Comités, Alexis Danan – Pour la protection de l’enfance, Marie-Pierre Pernette, Déléguée générale – Anacej, Marie Noëlle PETITGAS, Présidente – ANAMAAF, Jérôme Voiturier, Directeur général – UNIOPSS, Julien BLOT, Président – GEPSO, Olivier Duval, Président – Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE), Vincent Dennery, Directeur – Fondation pour l’Enfance, Olivier Duval, Président – Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE), Patrick Baudouin, Président – Ligue des droits de l’Homme (LDH), Thierry Rombout, Directeur général – l’Union pour l’Enfance, Noanne Tenneson, Directrice Générale – A.A.D.H, l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme, Yolaine Guérif, Directrice générale – PARTAGE, Maxime Hugeux, Responsable de programmes – ECPAT France, Jean-Luc Rongé, Président – Défense des Enfants International – France, Jean-François Joanny, Président – Association Les Amis des enfants du Monde, Marie-Martine BERNARD, Présidente – Fédération Internationale pour l’Education des Parents, Franck Chekroun, Président – Fédération du Scoutisme Français
Paris, le 16 novembre 2022