L’affaire Roland Dumas est une parfaite illustration des tares de notre institution judiciaire. Sans que l’intéressé ait été entendu, depuis plusieurs mois des informations précises sur son dossier sont publiées dans les médias.
Au cours d’une perquisition, Roland Dumas entre dans une voiture avec les juges d’instruction en présence de la télévision dans la posture d’un accusé qu’on conduit en prison et ces images sont diffusées dans toute la France au journal télévisé de 20 heures.
Enfin, une mise en examen intervient accompagnée d’une large relation des faits qui lui sont reprochés. Il s’ensuit une campagne politicienne où de nombreux responsables politiques exigent sa démission.
Qui livre ces informations ? Que sont devenus le secret de l’instruction, la présomption d’innocence ? Les droits de la défense ? Tout se passe comme si en amont de la procédure judiciaire une condamnation occulte était intervenue, le mise en examen venant parachever les attaques contre l’intéressé. De la présomption d’innocence on passe à la présomption de culpabilité et au règlement de compte politique.
Ce qui arrive à Roland Dumas quel que soit le contenu de son dossier tend à devenir la règle dans les affaires politico-judiciaire. Il est essentiel que la presse puisse informer, mais il n’est par normal qu’un conditionnement de l’opinion condamne quasiment sans recours un homme.
La LDH demande avec force aux pouvoirs publics de profiter des réformes actuelles pour que soient mises en place des mesures qui empêchent les dérives auxquelles nous assistons.
Paris, le 30 avril 1998