Lettre ouverte de plus de 300 organisations, dont la LDH, et personnalités pour mettre fin à l’exploitation et améliorer les normes de travail dans l’agriculture européenne
Alors que les négociations interinstitutionnelles sur la réforme de la politique agricole commune (PAC) sont en cours, l’EFFAT, the European Federation of Food Agriculture and Tourism Trade Unions, a promu le lancement d’une lettre ouverte cosignée par plus de 300 syndicats, ONG, OSC, personnalités de haut niveau et membres du monde universitaire.
La lettre, adressée aux principaux commissaires, aux députés européens chargés des négociations au Parlement européen et aux ministres nationaux de l’agriculture, demande que la conditionnalité sociale fasse partie de la prochaine réforme de la PAC : les paiements directs aux employeurs devraient être conditionnés au respect des conditions de travail et d’emploi applicables en vertu des conventions collectives pertinentes, du droit national et européen ainsi que des conventions ILO.
Une large coalition s’est jointe à cet appel majeur en faveur de la justice sociale dans le secteur agricole, l’un des plus difficiles et des plus précaires de l’économie européenne*, avec des niveaux élevés de vols de salaires, de travail non déclaré, d’abus de main d’œuvre et d’exploitation. Les signataires ont uni leurs forces pour s’opposer à une PAC qui néglige cette réalité. Une solution facilement applicable est en vue : la conditionnalité sociale contribuerait à améliorer les conditions de vie et de travail de millions de travailleurs dans l’agriculture.
« Alors que l’expérience vécue d’une grande partie des travailleurs agricoles est celle de la lutte et des bas salaires, il est inacceptable de voir que le respect des droits de l’Homme et du travail ne joue absolument aucun rôle dans l’allocation des paiements directs de la PAC de l’UE, surtout lorsque la PAC reçoit 1/3 du budget total de l’UE » – a commenté Kristjan Bragason, secrétaire général de l’EFFAT, – et a ajouté : « Il est formidable de voir tant d’acteurs différents se rassembler autour d’un principe crucial : les droits des travailleurs ne sont pas de la paperasserie ; sans respect des normes du travail, la PAC ne sera jamais vraiment durable« .
Le Parlement européen a soutenu les demandes de l’EFFAT et a adopté une position claire en première lecture appelant à l’inclusion de la conditionnalité sociale dans la future PAC. L’EFFAT et ses partisans demandent maintenant aux co-législateurs et aux États membres d’accepter et de renforcer la position du Parlement, en s’assurant que la conditionnalité sociale fasse partie de l’accord final.
La lettre ouverte sera ouverte à d’autres cosignatures sur le site web de l’EFFAT après sa publication.
*61,2% des travailleurs de l’industrie agroalimentaire de l’UE sont engagés dans l’emploi informel – Source : Calculs du BIT basés sur les statistiques de l’UE sur le revenu et la vie.
Bruxelles, le 17 février 2021