122 personnalités arabes et internationales dont des anciens candidats à la présidence de la République Françaises, des anciens ministres, des militants politiques syndicaux et associatifs connus internationalement et 22 organisations et associations de défense des droits de l’homme demandent au Président Sissi d’exiger des services de sécurité la fin des menaces de mort à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme en Égypte, en Europe et aux USA.
Déclaration commune
Nous, organisations et associations de défense des droits de l’Homme et personnalités soussignées, condamnons fermement les menaces de mort et les incitations à la violence récurrentes proférées à l’encontre du défenseur des droits de l’homme Bahey eldin Hassan, directeur de l’Institut du Caire pour les études des droits de l’homme (CIHRS). Nous demandons que le Président Abdel Fattah al-Sissi exige des services de sécurité et des médias qui leur sont affiliés qu’ils cessent de prendre pour cible les défenseurs des droits de l’homme égyptiens et qu’ils cessent de les menacer de mort en Égypte et dans le monde.
Les incitations au meurtre et à la violence à l’encontre de ces défenseurs des droits de l’homme relayées par les plateformes médiatiques détenues et gérées par l’appareil sécuritaire ou par le cabinet du Président lui-même doivent cesser immédiatement.
Nashaat al-Dihi, le président de la chaîne Channel Ten et le présentateur de l’émission « Papier et stylo » a explicitement encouragé le meurtre de Bahey eldin Hassan en déclarant qu’il faudrait « s’en occuper comme de l’espion russe », en référence à l’usage d’un agent neuroplégique à l’encontre du ressortissant russe Sergei Skripal et de sa fille au Royaume-Uni. Al-Dihi a prononcé cette menace lors de son émission du 21 mars 2018, en accusant Hassan d’espionnage, de collaboration et de trahison pour sa contribution à un mémo signé par sept organisations de défense des droits de l’homme, dont le CIHRS, adressé au Secrétaire général de l’ONU, au sujet de la dégradation de la situation des droits de l’homme en Égypte. Channel Ten a posté cette partie de l’émission sur sa chaine YouTube officielle, en lui donnant un titre ouvertement incitateur : « Bahey eldin Hassan est un espion et il faut s’occuper de lui de la même manière quel’espion russe ». Par le passé, le directeur de Channel Ten avait demandé que la nationalité égyptienne soit retirée à Hassan.
Ce n’est pas la première fois que des menaces de morts sont proférées dans les médias à l’encontre d’Hassan. Le 25 mai 2017, il a été menacé par le député égyptien Mustafa Bakri, un proche des services de sécurité et un membre du bloc parlementaire pro-Sissi Pour l’amour de l’Égypte. Lors de son émission « Faits et secrets » diffusée par la chaîne satellite Sada al-Balad, Bakri a listé les noms des participants à un meeting de coordination sur la situation des droits de l’Homme en Égypte, organisé à Rome par le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme. Bakri a ensuite appelé le gouvernement égyptien à emprisonner dès leur retour les participants qui reviendraient en Égypte. Quant aux participants vivant à l’étranger, parmi lesquels se trouve Bahey eldin Hassan, Bakri a estimé « qu’ils devraient être ramenés de l’étranger dans des cercueils », ce qui constitue une incitation explicite au meurtre. Bakri a d’ailleurs ajouté « c’est déjà arrivé », en suggérant que les services de sécurité égyptiens planifient et exécutent de tels actes. Le fait que les services de sécurité n’aient pas commenté les paroles de Bakri pourrait passer pour une confirmation.
Hassan a quitté l’Égypte il y a quatre ans après avoir reçu une menace de mort immédiatement après que l’entrée en fonction du Président Sissi en Juin 2014. À partir de cette date, Hassan et d’autres défenseurs des droits de l’Homme ont reçu régulièrementdes menaces directes et indirectes, en réaction à leur rôle dans la mise en lumière des crimes commis par le gouvernement du Président Sissi et ses atteintes à la sécurité et auxdroits des citoyens égyptiens.
Nous, organisations, associations et personnalités soussignées, condamnons en outre la complicité des forces de l’ordre en Égypte, qui n’hésitent pas emprisonnent des activistes, des journalistes et des politiciens pour plusieurs années, tout en ignorant les incitations publiques au meurtre de défenseurs des droits de l’Homme.
Nous considérons que le gouvernement égyptien est responsable de la sécurité de Bahey eldin Hassan et de la protection de sa vie, ainsi que de la vie des autres défenseurs des droits de l’Homme égyptiens. Les dernières incitations au meurtre et à la violence de la part des médias affiliés à l’appareil sécuritaire donnent le feu vert à l’exécution des menaces de mort contre Hassan. Nous demandons donc instamment aux États dans lesquels Hassan réside et voyage pour son travail de défense des droits de l’homme de s’assurer que de tels crimes ne seront pas perpétrés sur leurs territoires.
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