Lettre ouverte de la LDH adressée au ministre de l’Intérieur
Monsieur le Ministre,
Le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot a connu de violents incidents lors du dernier week-end dont la presse s’est aussi fait l’écho. La situation était déjà très tendue en cette période de pandémie avec des moyens de prévention très limités, mettant en risque important tant les personnes retenues que les personnels.
Les informations que nous avons pu obtenir des personnes retenues dans ce centre via les bénévoles des associations partenaires de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), avec lesquelles elles sont encore en contact, sont inquiétantes, témoignant de dysfonctionnements sérieux.
Nous vous prions en conséquence de faire toute la lumière sur les faits et les responsabilités engagées notamment sur les actes de violences qui ont été signalés.
Nous vous informons avoir également saisi sur ce cas, le Défenseur des droits et la Contrôleure générale des lieux de privation des libertés afin d’intervenir dans le cadre de leurs compétences respectives.
Plus globalement, le maintien en service des centres de rétention administrative est posé. Les expulsions du territoire sont quasi impossibles et les conditions de prévention sanitaire et de soins des personnes retenues ne sont pas assurées. De plus, d’autres solutions sont possibles en alternative à la rétention administrative comme les assignations à résidence.
C’est pourquoi, nous vous demandons de prendre, durant cette période exceptionnelle, les mesures nécessaires visant à arrêter toute nouvelle mise en rétention et à mettre fin à toutes celles en cours.
Vous comprendrez que nous rendions public ce courrier et vous remercions de bien vouloir nous tenir informés des décisions que vous ne manquerez pas de prendre.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
Malik Salemkour,
président de la LDH
Paris, le 14 avril 2020